Le français au centre de mon quotidien depuis toujours

Du plus loin que je me souvienne, la langue française a été importante dans ma vie. Toute petite déjà, avant même l’école, j’étais attirée par les gros livres, les dictionnaires et les encyclopédies. J’aimais leur odeur et le froissement des pages fines qu’on tournait. Ces livres enfermaient la promesse d’un savoir que je tardais à découvrir. J’avais tellement hâte d’apprendre à lire et à écrire!

Mes parents et surtout mon père, un linguiste qui s’est fait un nom dans son champ d’expertise, ont toujours été des amoureux de notre culture. À Montréal où je suis née, puis à Lahr en Allemagne et ensuite à Ottawa, où j’ai grandi, les plus grands artistes français et québécois jouaient sur la table tournante. Très tôt, j’ai découvert Barbara, Brel, Brassens, Trenet, mais aussi Ferland, Charlebois, Leclerc, Forestier. On parlait français à la maison, un français instruit, à la recherche du bon vocabulaire, de la bonne structure de phrase.

Puis, la petite école et le secondaire ont secoué mes acquis en m’exposant à une société très différente de celle que côtoyait ma bulle familiale. J’ai fréquenté la petite école dans les quartiers Vanier et Basse-Ville d’Ottawa, là où la pauvreté n’était pas qu’économique. Après deux ans dans une école secondaire privée en territoire québécois, le collège Saint-Joseph de Hull, j’ai complété mon secondaire à l’école Champlain, la seule école secondaire francophone de l’ouest de la ville d’Ottawa. Je m’y suis fait des amis qui parlaient à peine français. Eux, ils carburaient à du Michael Jackson, du Rolling Stones, Kiss, ACDC et j’en passe, alors qu’à la maison, on écoutait Joe Dassin, Michel Fugain, Harmonium, Corbeau, Diane Tell. C’était un autre monde! C’est à cette époque que j’ai compris que je pouvais à la fois aimer mes amis anglophones et leur culture, et aimer la mienne. Et tout ça, en devenant parfaitement bilingue, en tissant des liens d’amitié avec des anglophones, en applaudissant ce qui se fait de bon du côté de cette autre culture.

Aujourd’hui, au beau milieu de la cinquantaine, alors que j’opère un gite touristique dont je suis propriétaire et que j’accueille des clients de l’international, parlant français, anglais et autres langues, je me réjouis de ma très forte culture québécoise qui donne une saveur particulière à mon entreprise dans une région du Québec, les Collines-de-l’Outaouais, reconnue pour être majoritairement anglophone. Ici, à l’Auberge Tom B&B, on accueille en français d’abord et l’anglais est toujours disponible. Toutes nos publications sont bilingues. Nos hôtes sont accueillis dans l’une ou l’autre des deux langues. Et je suis toujours agréablement surprise d’accueillir autant de francophiles parmi les anglophones. Car ce sont des gens ouverts à l’autre. Des gens qui, pour la plupart, veulent vivre une expérience, un contact privilégié avec l’autre, peu importe sa langue maternelle. Je constate très régulièrement que mes hôtes apprécient mon bagage québécois, latin, même, et en veulent plus. Ça crée de très belles conversations, riches pour l’un comme pour l’autre.

Pour terminer, je suis fière d’être ambassadrice de la culture française. Je sais qu’aimer ma culture, l’entretenir et participer à son rayonnement ne constituent absolument pas un obstacle à aimer les autres cultures, même en sachant que la mienne perd énormément de terrain face à la culture nord-américaine anglophone. J’ai compris que pour qu’elle subsiste malgré tout, il faut l’aimer encore plus fort et la faire découvrir au plus grand nombre possible, et ce, de l’intérieur, par les contacts extraordinaires qu’on fait avec l’autre

« Le français, notre carte d’affaires »

Avec la contribution financière de l’Office québécois de la langue française

 
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