Pauline Bouchard est la directrice de l’Association des gens d’affaires du Vieux-Gatineau (AGAP). Depuis une vingtaine d’années, elle a été en mesure d’observer plusieurs changements dans le secteur alors que l’Outaouais, et plus particulièrement le secteur industriel « Gatineau Mills », s’est tranquillement francisé. Elle constate que les grandes entreprises qui au fil des années, se sont conformées à la Charte de la langue française, sont en mesure d’inspirer les PME de 49 employés et moins à rejoindre le mouvement « Le français, notre carte d’affaires ».
Un des exemples les plus probants que l’on connaisse parmi les grandes entreprises est celui de l’entreprise Les Produits forestiers Résolu, qui s’est littéralement métamorphosée dans son processus de conformité à la Charte.
En effet, l’arrivée, puis l’implantation, dans le secteur de l’entreprise Canadian International Paper compagnie(CIP) entre 1925 et 1928, a entrainé un développement industriel sans précédent et une urbanisation unique, donnant naissance au site patrimonial du Quartier-du-Moulin (Gatineau Mills). Un quartier résidentiel érigé spécifiquement pour les cadres de la compagnie.
Les hauts dirigeants et cadres intermédiaires y résidaient. L’anglais, comme langue d’affaires et de vie, a marqué le développement de l’ensemble du quartier. Une pression certaine s’est imposée sur la main d’œuvre locale et à teinter le développement de la grappe commerciale avoisinante qui se devaient d’opérer dans la langue officielle.
Du fait de la culturel anglophone prévalent dans l’usine, tous les employés devaient parler anglais ou être bilingues. Tout se déroulait en anglais, incluant le travail quotidien, les procédures de travail et les règles de sécurité. Même les rues autour de l’industrie, affichaient des noms d’arbres, en anglais: Poplar, Cypress, Birch, Maple, etc. À la suite de la fusion municipale, certaines rues ont été renommées mais certaines témoignent encore de ce passé pas si lointain.
En quelques décennies toutefois, la tendance s’est graduellement inversée. À l’instar de nombreuses autres grandes entreprises québécoises, avec une volonté accrue d’afficher leur identité francophone, Produits forestiers Résolu sert de modèle de francisation pour les compagnies comptant plus de 50 employés. Lors de leur dernier audit par l’OQLF, l’entreprise était conforme et la langue de travail, dans l’usine comme dans les bureaux administratifs, est le français.
Pour certaines industries ou commerces, il reste cependant du chemin à faire. Certains investisseurs font l’acquisition d’entreprises sans même connaître la réalité du Québec et de l’Outaouais, sans connaître le terrain, sans même occuper ou avoir vu leurs commerces. Un travail de sensibilisation reste à faire de ce côté, en particulier chez certains investisseurs étrangers, mais nous sommes encouragés par toutes nos petites et moyennes entreprises qui performent dans la langue de Molière.
« Le français, notre carte d’affaires »
Avec la contribution financière de l’Office québécois de la langue française