Gatineau, le 11 mars 2020 – Le conseil d’administration de la Chambre de commerce de Gatineau (CCG) a pris connaissance du budget du Québec déposé hier après-midi ainsi que des positions de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) sur le sujet. Bien que le plan budgétaire mette de l’avant plusieurs mesures profitables aux entreprises, notre préoccupation principale, la main-d’œuvre, y est malheureusement abordée de façon insuffisante.
La CCG voit d’un bon œil l’importance accordée aux thèmes d’innovation, d’environnement attractif en affaires, de mobilité durable et surtout d’économie verte afin d’assurer un soutien à la communauté d’affaires en lien avec les défis et enjeux actuels. Toutefois, ce budget mise sur des investissements à long terme répartis dans plusieurs secteurs de l’activité économique québécoise. Il sera requis que le gouvernement se positionne plus concrètement sur les mesures à prendre à court terme.
Soutenir les entreprises dans leurs besoins en main-d’œuvre
La FCCQ et la CCG soulignent les nouveaux investissements pour une meilleure intégration au marché du travail des personnes immigrantes et des personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi. « Nous aurions cependant aimé voir de nouvelles initiatives porteuses pour appuyer les employeurs en quête de main-d’œuvre », estime Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ. « Les mesures annoncées lors du précédent budget afin d’améliorer la fiscalité et l’attrait pour les travailleurs expérimentés auraient pu avantageusement être bonifiées », ajoute le président de la CCG, M. Pierre Samson. Le marché du travail québécois accuse un certain retard dans le développement de nouvelles compétences des travailleurs actuellement en emploi et les moyens mis en place dans le présent budget semblent timides. « Ce budget semble insister sur l’investissement en équipement pour favoriser l’innovation, mais sans prévoir de formation suffisante pour que les travailleurs en optimisent l’utilisation », critique M. Samson.
Par ailleurs, les employeurs québécois ont toujours les charges sociales les plus importantes au Canada, ce qui mine leur compétitivité et leur capacité à offrir une meilleure rémunération globale à leurs employés. Les diverses législations encadrant le marché du travail ont été fortement bonifiées au cours des dernières années, amenant un poids financier supplémentaire de 13 G$ d’ici 2022-23. Le gouvernement doit tenir compte de la capacité des entreprises, dans un contexte de possible ralentissement économique et de région transfrontalière avec Ottawa.
Des incitatifs importants pour la commercialisation des innovations
La FCCQ et la CCG apprécient également la venue d’un nouveau crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation (C3i) pour accélérer la transformation numérique des entreprises, ainsi que la déduction pour soutenir la commercialisation des innovations (DICI). « Un soutien à la commercialisation des innovations est déterminant pour favoriser la compétitivité des entreprises. Il sera nécessaire également que ces mesures soient flexibles et accessibles pour les entreprises, ce qui incitera également l’investissement privé », insiste Charles Milliard.
L’élaboration des projets de zones d’innovation, notamment à Gatineau, représente d’ailleurs une occasion à saisir pour favoriser le développement et la commercialisation de nouveaux produits, en misant entre autres sur la collaboration entre la recherche universitaire et les entreprises, avec l’appui des gouvernements.
Plan d’action pour la croissance des investissements étrangers et des exportations
Le budget prévoit également un financement de 110 M$ au cours des prochaines années pour stimuler la croissance des entreprises en les aidant à atteindre de nouveaux sommets. Un plan d’action concret sera annoncé prochainement. La CCG souhaite réitérer l’importance d’assurer le maintien et le financement approprié des organismes de promotion des exportations, dont Export Outaouais, afin d’assurer un accompagnement soutenu et concret aux entreprises exportatrices et à potentiel d’exportation.
6,2 G$ pour le Plan d’économie verte pour répondre aux besoins des entreprises
La FCCQ et la CCG saluent les sommes importantes réservées au budget pour l’élaboration du nouveau Plan d’économie verte (PEV) pour contribuer à la nécessaire transition énergétique. Elles s’attendent du même souffle que le nombre de programmes du nouveau PEV 2030 soit resserré par rapport au PACC 2013-2020.
Il importe aussi de faire place à l’ensemble des sources d’énergie en complément à l’électrification, comme le propose le budget par le développement de la filière du gaz naturel renouvelable (GNR) et ce, en tenant compte des besoins des entreprises et de leur capacité technologique de conversion. « Nous le savons, le secteur des transports a de grands défis en matière de réduction des GES, que ce soit du côté des déplacements des personnes ou des marchandises », poursuit Charles Milliard. « Des opportunités sont offertes via des solutions d’économie circulaire, pour réduire les pertes énergétiques ainsi que l’empreinte environnementale dans le secteur industriel. Ce sont des avenues intéressantes à explorer, car il s’agit aussi d’une occasion pour le gouvernement de favoriser l’émergence d’une réelle industrie du bâtiment intelligent, vert et durable, et les entreprises pourront être mises à contribution dans cet effort. »
La FCCQ et la CCG constatent également une volonté du gouvernement dans le prochain PEV de venir en aide à des secteurs économiques importants des régions québécoises, notamment en agriculture.
Une hausse des investissements prévus au Plan québécois des infrastructures (PQI) qui pourrait être fort bénéfique pour l’économie
La FCCQ et la CCG se réjouissent des 15,1 G$ supplémentaires pour le PQI 2020-30, atteignant désormais 130,5 G$. « Cet important budget dédié aux infrastructures publiques doit répondre aux différents besoins sur l’ensemble du territoire, particulièrement en Outaouais », affirme M. Pierre Samson, président de la CCG. « Pour accroître la fluidité des déplacements des personnes et limiter les impacts économiques de la congestion routière, il fallait prévoir des sommes supplémentaires pour des projets structurants de transport collectif. »
Il y a des besoins en développement et les six projets structurants de transport collectif électrique ajoutés au PQI sont les bienvenus, surtout le projet de transport collectif électrique entre l’ouest de Gatineau et le centre-ville d’Ottawa. Le gouvernement provincial devra prévoir, dans le futur, des sommes supplémentaires pour d’autres projets de développement des infrastructures de la région.
Enfin, la précaution du gouvernement visant à soutenir l’économie face à un ralentissement potentiel, entre autres lié au risque d’épidémie du COVID-19, montre un usage sérieux des surplus budgétaires, prévus à 1,9 G$ pour le prochain exercice. « La FCCQ et la CCG seront attentives à la nature des investissements prévus dans les infrastructures publiques, pour s’assurer que les appels d’offres publics fassent une place à des critères de qualité et d’innovation, au-delà du simple critère du plus bas soumissionnaire conforme », conclut M. Pierre Samson, président de la CCG.
La CCG tient à souligner son intention de travailler en étroite collaboration avec les instances régionales afin de représenter les intérêts de la communauté d’affaires de la région dans les divers dossiers en lien avec le développement économique et l’entrepreneuriat.
En complément d’information :
- Recommandations prébudgétaires (CCG, 6 mars 2020)
- Communiqué de presse « Budget du Québec 2020-2021 » (FCCQ, 10 mars 2020)
- Mémoire prébudgétaire Québec 2020 (FCCQ, 1er novembre 2019)